Protéger les enfants des dangers des tendances beauté et du culte de l’apparence

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Protéger les enfants des dangers des tendances beauté et du culte de l’apparence

1 décembre 2025

À l’heure où tendances beauté et réseaux sociaux poussent de plus en plus d’enfants vers des pratiques risquées pour leur santé, la question de l’épanouissement et de la protection des plus jeunes devient cruciale. En France, parents, éducateurs, dermatologues et associations familiales assistent à une évolution rapide des habitudes : les routines beauté pour enfants se multiplient, tout comme les instituts spécialisés et les défis viraux, exposant les plus jeunes à de nouveaux dangers.

Des vidéos virales et des stratégies marketing s’adressent directement aux enfants, promettant des rituels de soin « naturels » ou « magiques ». Résultat : des pratiques comme les « burn lines » ou l’application d’huiles pour bronzer sans protection se propagent sur TikTok et Instagram, avec des hashtags cumulant plusieurs millions de publications. Les salons de beauté « kids friendly » font leur apparition partout en France, tandis que des tendances venues d’Australie ou de Californie investissent les smartphones familiaux.

À l’origine, une combinaison de pressions esthétiques, de recherche d’appartenance et d’un environnement surconnecté, où la construction de soi passe de plus en plus par l’image et la consommation. Pourtant, les professionnels de santé rappellent que la peau des enfants n’a pas besoin de cosmétiques et que l’exposition répétée à ces substances comporte des risques réels : allergies, eczéma, photosensibilisation, brûlures solaires. Plus de 85 % des cancers de la peau trouvent leur origine dans une exposition excessive aux UV pendant l’enfance et l’adolescence.

La Société française de dermatologie ne cesse d’alerter : « Les cosmétiques ne sont pas des jouets et les soins pour la peau ne sont pas un jeu. » Le Dr Christophe Bedane (CHU de Dijon) rappelle : « Le premier risque est le coup de soleil aigu… avec des huiles, il est même possible d’avoir une brûlure de second degré, avec apparition de cloques qui peuvent vous envoyer à l’hôpital. »

Au-delà des enjeux sanitaires, c’est l’équilibre émotionnel, l’autonomie et la liberté des plus jeunes qui sont en jeu. Brûlures, démangeaisons, éruptions cutanées, allergies sont autant de conséquences visibles, mais la normalisation du regard sur l’apparence au détriment de l’expérience et du jeu pèse sur l’estime de soi et la confiance. La pression sur les plus vulnérables s’accroît, tandis que l’exclusion des enfants qui ne suivent pas ces tendances devient un nouvel enjeu.

Depuis une dizaine d’années, la question de l’apparence chez les jeunes connaît une accélération préoccupante, liée à la viralité des réseaux sociaux et à l’essor du marketing ciblé. Entre 2015 et 2024, la gamme des produits cosmétiques dits « kids » a été multipliée par quatre en Europe. Selon Santé Publique France, plus d’un quart des pré-adolescents français ont déjà testé une routine beauté inspirée par les réseaux. Aux États-Unis, un tiers des achats de soins pour les 10-14 ans se fait sous l’influence de contenus en ligne.

En France, aucune réglementation spécifique ne protège les enfants vis-à-vis des cosmétiques : les produits leur sont souvent uniquement re-packagés, sans évaluation indépendante spécifique. Les instituts de beauté pour enfants ont fleuri en ville comme en province, les anniversaires « spa » affichent complet, et 71 % des enfants de 8 à 13 ans suivent au moins un influenceur beauté.

Face à ce constat, des alternatives émergent. Depuis la crise sanitaire, les ateliers créatifs, axés sur la récup’ ou la fabrication maison de produits bio, se multiplient. Dans des lieux comme le musée Rodin, des ateliers privilégient l’expérimentation artistique, la motricité fine et le lien parent-enfant, loin du culte de l’apparence. 88 % des familles engagées constatent une meilleure estime de soi et moins de demandes de produits marketing chez les enfants quand la fabrication maison et l’éveil à la permaculture font partie de la vie familiale. Les rituels collectifs, les cuisines de saison ou la fabrication de cosmétiques simples à base d’ingrédients locaux deviennent des pratiques courantes, promouvant autonomie, écologie et créativité.

La littérature jeunesse accompagne ce mouvement : le nombre de livres dédiés à l’écologie pratique, au respect du corps et aux droits de l’enfant explose. Près de 140 nouveautés ont vu le jour en 2023, souvent produites sur papier recyclé.

Pour accompagner ce changement, des gestes simples sont à portée de main : privilégier les ingrédients bruts pour réaliser ses propres baumes, éviter les huiles essentielles avant dix ans, tester chaque nouveauté sur une petite zone, s’appuyer sur l’expérience, la transmission et les rituels familiaux pour donner du sens à l’apprentissage du soin.

Prendre soin des enfants, c’est leur offrir des racines solides et des ailes légères. À l’heure où tout pousse à l’accélération et au mimétisme, remettre l’expérience, la nature et la créativité au cœur de l’enfance, c’est un choix de santé, mais aussi une invitation à réinventer collectivement une parentalité positive et éco-responsable, respectueuse de la liberté et de l’épanouissement de chacun.

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